L’identification à distance bientôt démocratisée par de nouvelles applications d’identité numérique

J’étais au Forum International de la Cybersécurité 2022 et là-bas, ça bouillonne d’idées, de concepts et de nouveautés ! En se baladant du côté du forum ID et KYC, j’ai pu en apprendre davantage sur le devenir de l’identité numérique… Un sujet désormais projeté dans un futur très proche avec des projets portés par l’État qui permettraient de poursuivre l’extension des usages en matière de vérification d’identité à distance, sans risquer la sécurité des données personnelles. Retour sur le salon, les avancées technologiques à venir et nouveaux enjeux du secteur.

L’extension des usages en matière d’identité numérique commence à se faire sentir à tous les niveaux de la société, auprès des institutions publiques comme privées. La crise sanitaire a certes accéléré la digitalisation des services, mais elle a surtout contraint une grande partie de la population, encore réticente à la dématérialisation de ses démarches, à s’adapter puis à s’habituer à un phénomène qui n’a pas perdu de son ampleur.

On arrive donc aujourd’hui sur un entre-deux où le grand public a commencé à s’habituer à de nouveaux usages mais où l’appropriation du processus d’identification à distance demeure incomplète puisque ce dernier ne s’est pas encore suffisamment répandu dans notre quotidien.

C’est en partie pour répondre à cette problématique que l’État est en train de concevoir le futur Service de Garantie de l’Identité Numérique (SGIN). Grâce à lui, l’identité numérique prendra davantage de place dans le quotidien et dans les usages jusqu’à devenir une réalité normalisée pour tout un chacun. Pour cela, le SGIN a pour ambition de devenir un moyen d’authentification universel permettant de se connecter à des centaines de services via le dispositif FranceConnect, en offrant bien plus de services cette fois que les traditionnels Ameli, CAF, La Poste, Impôts, etc.

Le projet repose sur la création d’une identité numérique pour chaque individu grâce à une nouvelle carte d’identité biométrique (CNIe) et une application mobile (SGIN). Pour cela, il suffirait d’ouvrir l’application et d’approcher son téléphone de sa carte d’identité. Grâce à la technologie NFC intégrée dans la plupart des téléphones, celui-ci parviendrait à lire nos données personnelles pour que celles-ci soient stockées dans l’application : l’identité numérique est alors créée.

Ensuite, pour s’identifier à un service en ligne, l’utilisateur devra choisir de se connecter via le dispositif FranceConnect et scanner, grâce à l’application mobile SGIN, le QR code présenté à l’écran. Il recevra ensuite un code par SMS qu’il saisira pour se connecter. In fine, le système utilise l’identité numérique créée dans l’application mobile ainsi qu’un code reçu par sms pour générer des attestations d’identité électroniques.

Ce procédé permettra également à l’utilisateur de transmettre les informations qu’il souhaite uniquement (identité, âge, domicile, etc.) le tout totalement à distance. De l’autre côté, l’opérateur du service a la garantie que la personne qui s’identifie est bien celle qu’elle prétend être, mais aussi que les données renseignées sont conformes.

Si l’application est actuellement en phase de test, elle devrait faire son apparition dans les semaines à venir.

Comme son nom l’indique, le Digital Identity Wallet est un portefeuille d’identité numérique destiné aux citoyens, résidents et entreprises de l’Union Européenne. L’application hébergera en local (sur le mobile) nos données personnelles mais aussi des documents importants comme le permis de conduire, un diplôme, une feuille d’imposition, des documents d’assurance, etc.  

Elle permettra finalement de gérer de nombreuses tâches à distance : s’identifier sur un service en prouvant son identité, signer un document officiel, envoyer un recommandé, fournir des documents téléchargés directement depuis l’app, etc. La souscription à de nouveaux services à distance sera ainsi grandement facilitée et de ce fait, l’application pourra être utilisée pour les services publics et privés, tant en ligne que hors-ligne et dans toute l’Union Européenne.

Tout comme le SGIN, cette application souhaite laisser le contrôle à l’utilisateur sur le choix des données personnelles qu’il souhaite partager avec des tiers tout en ayant la possibilité de conserver une trace de ce partage.

Le fonctionnement de ce nouvel outil serait similaire au SGIN. Muni de son application mobile, l’utilisateur scanne le QR code affiché par l’opérateur du service auquel il souhaite accéder. Il sélectionne ensuite les documents et données personnelles qu’il veut mettre à disposition. Un moyen simple et sécurisé de prouver son identité et fournir des documents à l’échelle de l’UE, le tout à distance.

Le développement de l’application est quant à lui prévu pour d’ici fin 2022, avec une mise sur le marché estimée à fin 2023.

Ces applications ouvrent la voie à une nouvelle ère pour l’identité numérique et permettront d’inclure l’identification à distance dans les usages et la réalité. A priori, elles permettraient d’accéder aux services administratifs publics et par exemple de demander un certificat médical, remplir une déclaration fiscale, s’inscrire dans une université ou encore s’identifier lors d’un séjour à l’hôpital.

Ces nouvelles solutions digitales semblent également s’appliquer à certains services privés, mais si elles permettent bel et bien d’ouvrir un compte bancaire ou plus simplement de louer une voiture dans un pays européen, on ne sait pas encore jusqu’où ira leur personnalisation pour s’adapter aux enjeux de chaque activité. En tout cas, ces applications devraient reposer sur le principe d’une certification à acquérir et permettant aux acteurs privés de s’en emparer pour proposer des solutions qui répondent à tous les usages du quotidien.

En effet, toute activité, banque, assurance ou quelle que soit, doit être innovante pour être conforme à la réglementation tout en privilégiant le parcours utilisateur. Dans cette optique, l’utilisateur doit pouvoir s’identifier rapidement, de manière automatisée voire assistée et sans crainte pour ses données personnelles. L’usage de la vérification d’identité par protocole biométrique et sans conservation des données semble donc demeurer la solution à privilégier aujourd’hui pour répondre aux exigences réglementaires sans entraver le parcours utilisateur.

Ce qui est certain, c’est que l’identification à distance par reconnaissance biométrique se démocratise et est en voie de devenir un usage universel bien ancré dans les habitudes des Français, mais elle n’écarte pas les problématiques relatives à l’inclusivité des solutions digitales.